Anne Monteil-Bauer est une artiste dans le sens qu'elle fait oeuvre d'un pan de sa réalité .
Faire oeuvre dans le double sens du travail et de l'art.
Dans le texte d'Ecchymose il y a ce passage du singulier à l'universel qui dépasse l'écrire de soi.
Cette violence vécue est devenue matière à écrire.
Les mots m'ont happée, ils racontent, ils expliquent, ils tournent.
Les prénoms sont des hommes, des femmes, des facettes, des points de vue, des bribes, des instants.
Ce livre parle aussi d'amour, un amour immature, fusionnel, passionnel, un amour-drogue, un amour-coupable, un amour de jeunesse immense, un amour sombre, lové dans le clair-obscur de la violence.
La mémoire est ici enfermement et solitude, écrire est une clé.
"Les cicatrices de Jeanne , c'est sa mémoire qui ne s'arrête pas."
Les mots ont cette force.
Comment peuvent-ils décrire autant de violence, de brutalité, de domination ?
La souffrance, la honte, le mépris de soi, le refoulement, la peur d'être jugée, la peur de la pitié, la peur de l'apitoiement, Anne Monteil-Bauer l'écrit.
J'ai très peur de la violence, je la connais, je sais qu'elle existe. Je sais qu'elle est à côté. J'ai peur du silence qui encaisse, le poing dans la poche. J'ai peur de Sade. J'ai peur des rictus.
" Je dis toujours la vérité, pas toute." énonçait Jacques Lacan .
Ecchymose c'est une très belle vérité avec ses blancs sur le papier.
Le blanc tourne autour des mots.
Ces blancs me parlent d'indicible, d'un indicible enfoui dans la mémoire.
Tout ce blanc dans ce texte, c'est beau, c'est entre les lignes et c'est vertigineux.
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