Pas un été sans crâne d'éléphant



Il faut se laisser emporter dans la folie jubilatoire de Salvador Dali qui s’autorise la fantaisie, le rêve au quotidien. L'’œuvre de Dali c'est aussi sa vie.
Ce journal reflète une personnalité hors du commun, loufoque, excentrique, arriviste.
L’artiste joue frénétiquement avec ses propres contraintes, l’excès, le grandiose, le luxe, le snobisme, le scandale, les farces, le cocasse, les bizarreries.
Il aime faire déborder la coupe.

Son ivresse narcissique déverse un flot de pensées d’un succulent baroque.
Tout est teinté d’humour, de provocation, de mégalomanie, de théâtralité, d’obsessions, d’extases, de pensées magiques, de «  délices temporels », de lectures de coïncidences, d’imaginations …
  • «  Je suis le premier stupéfait des choses uniques et extraordinaires qui m’arrivent chaque jour … » p 70
  • « J’épuiserai jusqu’à la moelle de mes os mes souvenirs langoureux, jusqu’à en être exténué. » p 75
  • «  Je ne conçois pas un été sans crâne d’éléphant ». p 52
  • «  Toucher une bosse en exerçant une pression douce produit des douleurs aussi douces et aussi morales que les reines-claudes mélancoliques du 15 août. »  p 169
  • « Ma capacité à profiter de tout est illimitée. » p 123, c’est le vertige dalinien.
De nombreuses apparitions de Dali en public étaient des actes surréalistes. La photographie était là pour les immortaliser.
Tout est sujet à création.
Souliers vernis, moustaches antennes, phosphènes, mouches, fleurs de jasmin, angoisse rhinocérontique, Cadillac, cygnes, Nietzche, Breton, Zweig, Freud, Proust, Garcia Lorca,  René Crevel, Raymond Roussel, Heisenberg, Vermeer, Vélasquez, Raphaël, Millet , Picasso, Gustave Moreau, Botticelli, Léonard De Vinci ...
Des signatures cosmiques parsèment le texte où s’entrelacent souvent les noms de Gala et Dali .
La lecture de ce livre dionysiaque euphorise.
«  Je m’appelle Dali, ce qui veut dire «  désir » en catalan. » p 178
« Délicieusement rongé par le désir de faire plus beau et extraordinaire. » p 52


J’ai acheté « Journal d’un génie » dans la boutique de la maison de Dali à Portlligat à Cadaquès.
Cette maison est un cabinet de curiosité de la mythologie personnelle de Dali. On s’immerge dans son univers hétéroclite.
Les miroirs sont des jeux d’optique. Les objets sont choisis. Chacun a sa place, du crâne d’éléphant à la corne de rhinocéros, des panières aux pinceaux,de la cage aux oiseaux au miroir « Arnolfini ».
Le salon oursin de Gala est un rêve-écho.
Les fenêtres sont des cadres ouverts sur la lumière et la mer.
Chemins et murs du jardin sont recouverts de plâtre, blanchis à la chaux pour accueillir des sculptures, une piscine, des œufs gigantesques. C’est magnifique, la maison se fond dans la crique , fait corps avec la mer, le ciel et la terre.
Je garde le souvenir précis des tâches jaunes de Gala qui parsemait un peu partout des immortelles. Les tringles des rideaux sont toutes ornées d’une bande de ce jaune. 
«  … la biologie galanienne de notre maison avec ses fleurs catalanes … » p 109











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